J'ai commencé à écrire ce récit de voyage comme un coq étale son plumage : ses exploits, ses rencontres, ses conquêtes, ses beuveries, ses jobs. Mais au fil des réécritures, mes tripes se sont mises à murmurer et à chaque passage, je grattais plus profond. Je me battais contre mes tourments, me blessais, me relevais et me réconciliais avec l’homme que j’étais, l’homme que je suis. Pour paraphraser Simone de Beauvoir, on ne nait pas homme mais on le devient. On veut devenir coq, mais le poussin en soi étouffe dans sa coquille, les hommes souffrent mais en parlent peu et en écrivent encore moins.

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Jack London, Ernest Hemingway, Jack Kerouac et plus récemment Tommy Bourdain m’ont inspiré à voir le monde, ses lieux insolites, y manger, y boire beaucoup, rencontrer des gens, des femmes. Leur fureur de vivre, de sortir des sentiers battus m’ont inspiré, mais ces mentors ont en commun d’avoir sombré dans l’alcool et autres toxicomanies; ils en sont morts ou se sont suicidés. S’ils ont épilogué longuement et brillement sur les autres, ils sont plutôt restés discrets sur leurs tourments intérieurs.

Ce récit de voyage s’est peu à peu transformé en un nowhere où la route devient la toile de fond pour mon cheminement intérieur, celui de l’homme qui se cherche.